Chronique de la saison de prospection 2014-2015 :
Samedi 08 novembre 2014 :
Ce samedi 08 novembre 2014, nous avons repris nos recherches archéologiques de surface. Nous étions à Cléty, où nous voulions examiner l’intersection du chemin des Munitions et de la chaussée Brunehaut (la voie romaine partant de Thérouanne et se dirigeant vers Desvres et Boulogne).
Nous n’avons strictement rien trouvé…
Il est vrai que sur ce secteur les mailles du filet sont larges. Entre les extensions pavillonnaires de Cléty, les prairies et une parcelle occupée par une entreprise, les terres labourées commencent à ne plus être majoritaires…
En tout cas, cette séance clôture la partie septentrionale du chemin des Munitions (qui s’appelle d’ailleurs « sentier des cartons » sur ce secteur). Nous allons pouvoir faire un bilan complet de cette voie de communication secondaire qui semble permettre aux habitants de ce secteur de rejoindre les voies romaines Thérouanne/Amiens (au niveau de Rimeux, hameau de la commune de Renty) et Thérouanne/Boulogne (au niveau de Cléty).
Samedi 15 novembre 2014 :
Ce samedi nous étions à Bientques, hameau de la commune de Pihem. Bientques est l’agglomération qui suit Cléty quand on se dirige vers le Nord. Elle est placée sur une autre voie romaine, reliant cette fois Thérouanne à Ardres (la Leulène). Plusieurs découvertes archéologiques y ont déjà été faites mais nous voulions arpenter les abords d’un secteur comprenant deux toponymes intéressants : le Charbon et la Haute Borne.
Ces lieux-dits aux noms prometteurs n’ont malheureusement pas été à la hauteur de nos espérances… Aucun épandage de scories ferreuses n’a été remarqué de même qu’aucun indice d’habitat antique. Seulement un bruit de fond, constitué de quelques tessons ou fragments de tuiles antiques mais c’est tout à fait normal puisque nous bordurions la voie romaine.
Par contre, le secteur du Charbon a livré deux concentrations lithiques. La première, notamment, étonne par l’abondance des pièces (notamment de petites dimensions) et des silex brûlés ainsi que par la qualité de la taille.
Nous placerions donc plus volontiers ce site au Néolithique qu’à l’âge du Bronze.
Ce qui est sûr, c’est que c’est un site à mettre dans la liste (qui commence à s’allonger…) des « sites remarquables à revoir ».
Voilà en tout cas pour ce coup de sonde dans les confins septentrionaux du Haut-Pays.
Pour la séance suivante nous ferons manœuvre à l’opposé, c’est à dire dans les marches méridionales du Haut-Pays, entre la Canche et Fressin, où nous avions suspendu notre précédente saison archéo.
Samedi 06 décembre 2014 :
Cette sortie s’est déroulée sur la commune de Contes, à l’extrêmité du plateau séparant la Planquette et la Créquoise. C’est l’aboutissement du chemin que nous suivons depuis 2 ans, juste avant sa descente dans la vallée de la Canche.
Un groupe de fermes isolées (le Ménage) ainsi qu’un toponyme évocateur (le Buisson à l’Argent) nous incitaient à nous intéresser à cette plaine.
Déception au départ puisque le secteur du Buisson à l’Argent s’est révélé inaccessible en raison de la croissance déjà avancée des végétaux. L’autre parcelle proche du hameau du Ménage n’était guère plus exploitable en terme de céramique mais les silex se voyaient encore et nous avons ainsi pu observer de nombreux silex brûlés et éclats de taille et collecter un grattoir et deux fragments de hache polie. La mise en valeur du secteur est donc ancienne.
Ensuite, les conditions météo clémentes et la propreté assez extraordinaire des parcelles (très peu de silex et pratiquement aucun artefact moderne) nous ont un peu mis en léthargie pendant plusieurs hectares… Heureusement, en toute fin de prospection, quelques fragments de céramique gallo-romaine nous ont réveillés et mis sur la piste d’un site antique qu’il a fallu aller dénicher, en lumière déclinante et dans un champ de maïs non déchaumé… Des tessons variés (dont un fragment de sigillée avec une partie de la marque du potier) nous invitent à y voir un site d ‘habitat.
Nous allons maintenant changer de thématique de travail et basculer sur la paléo-métallurgie. Ce sera le samedi 20 décembre prochain, rendez-vous à 14h30 sur la place d’Hucqueliers. Notre objectif sera de localiser des nodules de limonite afin de mieux comprendre les conditions de collecte pour nos ancêtres : gisements concentrés ou épandage diffus dans les champs ? matériau affleurant ou nécessité de creuser ? réduction sur place ou transport ?
Samedi 20 décembre 2014 :
Le compte-rendu de la sortie du samedi 20 décembre, effectuée à Hucqueliers/Bourthes sera très bref : nous n’avons rien trouvé !! Nous étions sur un site de réduction du minerai de fer, qui présentait de nombreuses scories, mais absolument aucun nodule de limonite. Le fragment ramassé là l’année dernière est donc un résidu de l’opération de réduction, sans doute un simple morceau qui a échappé au bas-fourneau. Il est désormais de plus en plus probable que nos ancêtres paléo-métallurgistes ne ramassaient pas sur place leur limonite mais qu’ils allaient la chercher ailleurs, sans doute pas très loin…
L’examen de la carte géologique (lien : http://infoterre.brgm.fr/) indique des poches de sables du landénien, réputés pour contenir de la limonite, à proximité du premier site paléo-métallurgique que nous avions mis en évidence, à Seninghem, hameau de Watterdal. Ces terrains sont assez particuliers : il s’agit de résidus de la couverture tertiaire qui, dans le Haut-Pays, a été globalement éliminée par l’érosion mais qui peut subsister très localement sous la forme d’une butte (par exemple le village de Dohem qui est bâti sur une butte de sables du landénien) ou sous la forme d’une cuvette remplie de ces limons sableux, cuvette qui a pu se former lors de d’effondrements liés la dissolution de la craie sous-jacente. Une petite vérification pour nos principaux sites de réduction montre qu’à chaque fois il y a ce genre de petite « pastille » landénienne à proximité (les terrains du landénien sont de couleur orange/rouge et sont codés e2). Ces terrains feront l’objet de nos prochaines sorties.
Samedi 17 janvier 2015 :
Ce samedi 17 janvier nous sous sommes retrouvés à Seninghem, plus précisément au hameau de Watterdal, pour prospecter deux terrains indiqués sur la carte géologique comme datant du landénien, aux lieux-dits les Pâtis du Buisson et les Pâtis à Ruelles. Tous deux sont situés le long d’un petit chemin qui mène vers Lottinghen et Le Verval (un hameau de Quesques).
Avons-nous trouvé de la limonite ? Hélas, aucun nodule à signaler. Nous avons bien noté que la terre est assez sableuse, mais sans excès, et les seuls nodules collectés ont été des nodules de marcassite (roche ferreuse également mais réputée impropre à la réduction).
La séance n’a toutefois pas été stérile car les parcelles des Pâtis du Buisson ont révélé pas mal de silex taillés. Mais surtout, les deux secteurs (Pâtis du Buisson et Pâtis à Ruelles) ont livré de la céramique antique et des fragments de tuiles attestant d’une présence à l’époque gallo-romaine. Quelques petites scories de réduction complètent le tableau de chasse.
Nos deux lieux-dits sont bordés par des bois dans lesquels, d’après les habitants du village, il est possible de trouver des gisements de sable (il est communément désigné comme « sable à lapins » et il était souvent exploité localement). C’est peut-être dans ces gisements de sable qu’il nous faut maintenant chercher. Le problème c’est qu’ils ne sont pas facilement accessibles…
Samedi 31 janvier 2015 :
Notre sortie du samedi 31 janvier dernier à la recherche de nodules de limonite dans les sables de Dohem n’a pas été très fructueuse…
Nous avions sélectionné le village de Dohem car celui-ci est intégralement bâti sur une butte de sables du landénien. D’autre part, une sablière apparemment en activité apparaît sur les photos aériennes de Géoportail.
Nous avons bien repéré la sablière, malheureusement elle est totalement rebouchée depuis peu. Nous n’avons eu accès qu’à une veine de sable au sein d’un chemin creux tout proche. Malheureusement, si le sable est clairement ferrugineux (nombreuses lignes orangées), il ne contient pas de cristallisations formant les fameux nodules que nous recherchons…
Ce qui ne signifie pas grand-chose car il est possible que la limonite soit disposée en veines, à des profondeurs variables…
Une prospection de surface dans un champ voisin a cependant permis de récolter quelques nodules qui ressemblent fort à de la limonite. Une fois cassés, ils sont noirs à l’intérieur, avec de nombreux petits cristaux brillants. Les photos ont été transmises à des spécialistes et nous attendons leurs observations.
Une autre sablière importante apparaît sur le territoire de Coupelle-Vieille. Elle est malheureusement comblée elle aussi.
Nous avons fait notre possible sur cette question de la limonite pour cette saison. Nos dernières séances seront consacrées au suivi de sections d’un vieux chemin qui pourrait avoir mis en relation Thérouanne etVieil-Hesdin. Plusieurs sites antiques ont déjà été repérés aux abords de ce chemin qui reste encore bien marqué dans le parcellaire. Nous allons tâcher de voir s’il présente la même densité de sites que le « chemin des Munitions » que nous avons suivi ces deux dernières années entre Cléty et Contes (sur la Canche).
Samedi 14 février 2015 :
Notre expédition du samedi 14 février, sur les territoires de Tramecourt (canton de Le Parcq) et Ambricourt (canton de Fruges) a été très encourageante. Malgré quelques petites averses peu agréables, nous avons pu prospecter sans encombre, de part et d’autre d’un vieux chemin qui semble arriver de Thérouanne et se diriger vers Blangy/Ternoise et Vieil-Hesdin. Quelques tronçons de ce chemin ont déjà fait l’objet d’investigations et ont livré une forte densité d’indices d’époque gallo-romaine (section à hauteur d’Hézecques/Lisbourg et section à hauteur de Bomy).
Cette section entre Verchin et Maisoncelle n’est pas connue et, surtout, présente deux tracés possibles, distants d’à peine 1000 mètres l’un de l’autre et rigoureusement parallèles. L’idée est de les explorer tous les deux et noter les différences dans l’environnement archéologique.
Cette première prospection fut très positive puisque nous avons pointé 3 emplacements livrant de la céramique gallo-romaine.
Les deux premiers ont été localisés au lieu-dit La Terre de l’Eglise, sur la commune d’Ambricourt. Le premier est au contact de notre chemin et le second à 100 mètres en retrait. Ils sont distants d’environ 500 mètres.
Rien à signaler de spécial pour ce qui est de la céramique. En revanche, présence de culots de forge.
En toute fin de séance nous avons pu accéder brièvement au secteur des Mazis, sur le terroir de Tramecourt, qui est cité dans la carte archéologique parce qu’il y a été observé des débris de fondations antiques au 19ème siècle. Nous n’avons pas observé de restes de fondations mais en revanche nous avons ramassé un peu de céramique gallo-romaine et quelques culots de forge. Il sera nécessaire de repartir de ce secteur lors de notre prochaine séance pour confirmer cela.
Samedi 28 février 2015 :
Nous sommes repartis du lieu-dit Les Mazis, sur la commune de Tramecourt. Rien de plus que la séance précédente… De minuscules fragments, très érodés. Il est probable que nous n’avons pas localisé le site mentionné sur la carte archéologique.
Ensuite, nous avons basculé sur le territoire de Verchin, en suivant toujours notre chemin, qui s’appelle le Chemin Vert sur cette section.
Des indices céramique gallo-romain assez nets apparaissent au Moulin d’Ambricourt accompagnés de restes de culots de forge. Nous avons aussi collectés beaucoup de silex brûlés et un grattoir.
Un peu plus loin, au Bois Sapin, à côté d’une éolienne, quelques indices très ténus d’une présence à l’époque gallo-romaine. Cela se limite vraiment, pour l’instant, à quelques petits tessons, un peu comme aux Mazis.
Une centaine de mètres plus loinc’est un site plus important qui est apparu, tant par la quantité que par la diversité et l’aire de dispersion des vestiges… C’est au lieu-dit Fond de l’Etrée, toujours au contact du chemin. Le matériel recueilli le date du Haut-Empire.
Samedi 07 mars 2015 :
C’était du bon temps à prospection ce samedi 07 mars… Peu de vent, soleil voilé qui ne gênait pas la vision.
Et le moins que l’on puisse dire c’est que notre chemin a tenu toutes ses promesses…
Nous avons commencé par prospecter une section remontant de Tramecourt vers Maisoncelle, à proximité du monument commémoratif de la bataille d’Azincourt. C’est un endroit où le chemin est en partie effacé, même si c’est très récent.
Nous avons pu repérer deux sites gallo-romains, tous les deux très proches du monument mais de part et d’autre du chemin qui porte le nom, dans le village de Maisoncelle, de Chaussée de Vieil-Hesdin à Thérouanne (cadastre napoléonien de 1825).
L’après-midi, nous avons poursuivi l’étude des abords du Chemin Vert sur le territoire de Verchin. Pas moins de 4 sites antiques nous sont apparus. Deux d’entre eux sont très nets (lieu dit Bois des Saules). Les deux autres (lieu-dit Le Feragot) semblent moins importants mais nous étions en grande partie dans des labours de ce côté du chemin ce qui a gêné l’évaluation de la densité des vestiges.
Samedi 21 mars 2015 :
Ce samedi 21 mars le printemps n’était guère au rendez-vous pour nous accueillir à Verchin. Nous avons eu assez froid.
En revanche, les conditions de visibilité en surface restaient correctes même si cela commence à être très sec.
Partis du hameau d’Herbecques, nous avons gagné le plateau sur le secteur des Monts et du Champ de Bataille. Sur la carte, c’est l’exact prolongement de notre Chemin Vert. Notre idée était d’établir le contact avec la zone des Terrages que nous avions arpentée au printemps 2010 (2 spots gallo-romains repérés sur le territoire de Lugy).
En dépit d’un linéaire assez conséquent nous n’avons absolument rien trouvé. Ce n’est qu’en atteignant la zone de 2010 que nous avons mis en évidence un nouvel indice d’occupation antique (quelques tuiles, de très petits fragments de céramique, très érodés).
Nous avons donc quelques craintes de n’avoir pas suivi le bon chemin…
C’est pourquoi il est important d’occuper une dernière séance à explorer plus en détail ce secteur, qui livre par ailleurs pas mal de silex taillés (nous avons trouvé notamment une petite hache polie).
Afin d’accéder plus facilement à la zone (par des routes goudronnées !) le point de rendez-vous est fixé devant l’église de Lisbourg, à 14h30, samedi prochain, le 28 mars.