Cette saison 2012/2013 marque la 10ème année d’existence du groupe.
Nous devrions cette année changer quelque peu notre mode opératoire. Durant les 9 dernières années, parmi la masse des sites repérés, quelques-uns se distinguaient par la quantité de mobilier en surface et quelques autres nous laissaient perplexes. Dans les deux cas, il nous semble important d’y retourner afin de collecter plus de matériel et progresser dans la compréhension de ces sites. De ces découvertes découlent plusieurs axes de recherches pour les années à venir :
- La confirmation (ou non) de l’existence de deux chemins antiques secondaires, quittant tous deux la chaussée Brunehaut peu après Thérouanne pour s’orienter, le premier vers Blangy/Ternoise et Vieil-Hesdin (le « Chemin Vert ») et le second (le « Chemin des Munitions » ou « Chemin des Charbonniers » qui se perd pour l’instant devant les bois de Créquy.
- La poursuite de l’étude du site métallurgique de Seninghem (canton de Lumbres). Un second site offrant des scories issues de la réduction du minérai de fer semble avoir été localisé sur Alquines, à une dizaine de kilomètres de là. Il serait en plein champ et devrait donc permettre d’être daté si l’on y trouve de la céramique en surface.
Plusieurs bifaces avaient été trouvés sur les hauteurs de Maisnil-les-Dohem et d’Upen (canton de Fauquembergues) sans que l’on comprenne comment cela était possible… Nous retournerons donc dans ce secteur.
Samedi 03 novembre 2012 :
Cette séance de reprise a été fructueuse… Malgré une météo peu engageante il n’a finalement pas plu et les champs n’étaient pas trop détrempés car nous étions sur le point culminant du secteur, le Mont Liévin (alt 186 mètres). Deux buts étaient recherchés :
- retrouver un site néolithique repéré au début des années 80 par un bénévole du Comité et pour lequel nous ne disposions d’aucune info (pas de localisation, pas d’artefacts)
- trouver des indices gallo-romains le long du chemin des Munitions (ou des Charbonniers) que nous pensons pouvoir être un chemin antique
Nous avons démarré de la ferme de la Forêt et avons suivi ce chemin des Munitions jusqu’au croisement avec la départementale 92 Fauquembergues-Audincthun. Beaucoup de prairies autour de la ferme et une terre pas facile à prospecter (argile à silex). Néanmoins un petit gisement lithique a été repéré. Est-ce celui localisé dans les années 80 ? C’est très probable car le nombre de parcelles prospectables autour de la ferme de la Forêt n’est pas important.
Quelques dizaines de mètres plus loin c’est un site antique qui s’est révélé : fragments de dolium (pot de stockage), fragment de meule, tuiles, morceaux de céramique et même un morceau de sigillée. Tout est en très mauvais état en raison de l’acidité de l’argile à silex mais il y a avait bien là un établissement à l’époque gallo-romaine.
Samedi 17 novembre 2012 :
Cette seconde séance le long du Chemin des Munitions ne nous a pas révélé de site antique. Il faut dire que nous n’avons arpenté que deux champs mais ces derniers ont livré du matériel lithique de manière assez diffuse et nous avons passé beaucoup de temps à essayer de cerner les épicentres. Sans beaucoup de succès d’ailleurs…
- Dans la première parcelle ont été collectés 25 pièces lithique, très variées dans leur forme, leur taille et leur couleur. Parmi elle, deux lames et 1 éclat retouché mais aucun indice franc d’une occupation humaine.
- Dans la seconde parcelle, le même nombre de silex a été ramassé. Forme et taille sont là encore très différentes mais la quasi-totalité de ces pièces lithiques sont issues d’un silex de couleur noire, à grain fin et homogène, qui semble affleurer à cet endroit.
Quatre nucléus attestent que les néolithiques ont taillé le silex à cet endroit. Un éclat retouché fracturé, 1 grattoir brûlé, 1 petit pic et l’extrémité d’une jolie petit hache polie (ou d’herminette car le profil est dissymétrique) complètent les trouvailles. Cependant, là encore, rien ne permet clairement de mettre en évidence une aire d’occupation, nous restons sur un « bruit de fond » un peu frustrant…
Cette séance nous aura permis de montrer que cette étroite ligne de crête qui sépare la vallée de la Lys et la vallée de l’Aa et sur laquelle court le Chemin des Munitions a probablement été occupée dès le Néolithique. Par ailleurs, un silex de bonne qualité semble affleurer à cet endroit et il nous faudra être attentif à nos trouvailles futures afin de voir s’il n’a pas été diffusé localement.
Samedi 1er décembre 2012 :
Troisième séance le long du chemin des Munitions, en allant d’éolienne en éolienne, comme des petits poucets… Un peu écourtée par la pluie, cette prospection a été très positive. Un nouveau site antique a été repéré à proximité de la ferme du Vert Tilleul, au bord de la D 928, sur le territoire de Renty. Pas de tuiles, mais un matériel céramique abondant et varié ainsi qu’un fragment de meule en grès. Mais surtout, une parcelle a livré de nombreuses scories révélant (comme à Seninghen et Alquines) la réduction et le travail du minerai de fer. Des milliers de scories de toutes tailles jonchent le sol mais pour l’instant nous n’avons pas collecté de matériel céramique qui nous permette de raccrocher cette activité à une période historique précise.
Samedi 15 décembre 2012 :
Pour cette quatrième séance le long du chemin des Munitions nous étions sur le territoire de Coupelle-Vieille, toujours accompagnés du bruit des éoliennes…
Cette prospection n’a pas donné de résultat franchement positif : aucun indice d’une occupation d’époque antique, aucune concentration de silex taillés… Sur l’ensemble du secteur nous avons simplement collecté deux éclats laminaires retouchés, deux fragments de lame, deux grattoirs, un éclat retouché et, plus étonnant, un fragment d’une lame que nous placerions volontiers au paléolithique moyen… Que fait cette lame en surface alors qu’elle devrait être profondément enfouie ? Cette lame paléo constitue une très bonne entrée en matière pour notre prochaine séance qui devait justement être consacrée à la recherche de bifaces de cette période. Nous allons en effet prospecter à nouveau le secteur de l’Epine Pouilleuse à Maisnil-les-Dohem où nous avions ramassé deux bifaces en 2008.
Samedi 5 janvier 2013 :
La recherche de nouveaux bifaces sur le territoire de Maisnil-Dohem a été infructueuse. En dépit de très bonnes conditions de prospections (temps gris et terre délavée) nous n’avons rien ramassé qui nous rapproche des temps paléolithiques… Il faut dire que nous avançons dans ce secteur sur une véritable mer de silex, très fatigante pour les yeux. Nos arpentages n’ont toutefois pas été totalement négatifs : deux modestes concentrations de silex taillés ont été pointées au GPS. Elles sont très proches l’une de l’autre et se résument à quelques pièces retouchées, un grattoir ainsi que quelques silex brûlés pour l’une d’entre elles.
Samedi 19 janvier 2013 : Séance annulée en raison de la neige et du gel.
Samedi 02 et 16 février 2013 : Séances annulées (terres détrempées).
Samedi 02 mars 2013 :
Après 2 mois d’interruption nous avons enfin pu reprendre les arpentages. C’est un record : en 10 ans de prospection cela n’était jamais arrivé. Alain nous a donc piloté jusqu’à la parcelle d’Upen / Delettes où il a trouvé un beau biface. C’est un secteur à la topographie extrêmement tourmentée avec une terre riche en silex et comprenant une importante proportion de sable (du coup ça ne colle pas trop aux pieds). C’est assez étonnant. Aucun artefact paléo n’a malheureusement été ramassé. En revanche deux spots lithiques bien marqués ont été localisés. Le premier a livré plusieurs éclats retouchés ainsi qu’un probable pic. Dans le périmètre du second (sur le territoire de Dohem) nous avons trouvé une hache polie, deux grattoirs, un broyon et un couteau.
Samedi 16 mars 2013 : Nouvelle séance annulée… Le froid s’accroche…
Samedi 30 mars 2013 :
Le groupe était cette fois à Alquines (canton de Lumbres) sur un groupe de parcelles qui nous avaient été signalées l’an passé comme livrant des scories. Effectivement, le sol est jonché de scories, la plupart témoignant de la réduction du minerai de fer. Nous voulions essayer de dater cette activité métallurgique grâce au matériel céramique présent en surface. Des tessons ont été collectés mais ils ne nous permettent pas de conclure pour l’instant. Une partie est plutôt médiévale, voire moderne, et pour une autre partie il est bien difficile de trancher avec certitude… Au final, seuls 4 tessons sont clairement gallo-romains ce qui est insuffisant pour dater nos scories de cette période. Mais il n’y a pas non plus d’indices assez clairs pour attribuer une origine médiévale à ce site.
Bref, il va falloir y retourner… Cela aurait été le cas de toute façon car nous avons aussi ramassé 35 pièces lithiques, dont 2 grattoirs, 4 nucléus et plusieurs éclats retouchés. A première vue, à côté d’un débitage assez grossier, on remarque un débitage laminaire plus soigné et plus fin. Il va donc être intéressant de pouvoir procéder à un second ramassage pour, peut-être, individualiser deux séries bien distinctes.
Cette saison 2012-2013 aura été marquée par de nombreuses annulations qui ont perturbé notre programme initial. Nous devions notamment retourner à Seninghem, à Bezinghem et à Hézecques le long du Chemin Vert. Ce sera l’année prochaine ! Le groupe reprendra ses activités l’automne prochain.