Chronique de la saison de prospection 2013-2014 :
Samedi 02 novembre 2013 :
Nous étions 8 à reprendre nos recherches ce samedi, bravant un temps très médiocre mais qui est resté finalement sec tout le long de l’après-midi. Nous avons arpenté, sur la commune de Bléquin, les parcelles du « Courtil Passé » qui n’ont pas révélé d’occupation antique ou médiévale. En revanche, 45 éclats de silex taillés attestent d’une occupation plus ancienne, sans doute autour de l’Age du Bronze (qualité de taille assez médiocre, débitage quasi exclusivement sur éclat). On dénombre 33 éclats de débitage, 1 nucléus, 2 grattoirs et 9 éclats retouchés.
Puis nous avons gagné les hauteurs à l’ouest des « Grands Bois », au lieu-dit « L’Enfer », sur la commune de Lottinghen. Notre objectif était la recherche de scories car le site ressemble assez à celui de Seninghem dont il est d’ailleurs tout proche. Aucune scorie n’a été remarquée. Une dizaine d’éclats de silex sont à noter, ramassés sur une zone très restreinte et comprenant une très belle lame et deux grattoirs.
Samedi 09 novembre 2013 :
Quelques nouvelles de notre sortie de ce samedi sur le territoire de Coupelle-Vieille, aux les lieux-dits « le Moulin des Cagnards » et « le Champ de Lhommel ». Nous avons pu prospecter au sec jusque 16h15, ensuite ça été plus compliqué…
Notre objectif était de poursuivre l’arpentage de part et d’autre d’un chemin qui semble prolonger le chemin des Munitions que nous avions suivi l’année passé entre Fauquembergues et le hameau de Rimeux (commune de Renty). Malheureusement nous n’avons rien trouvé de probant… La seule trouvaille concerne une petite zone présentant un type de scories que je n’ai jamais rencontré.
Samedi 23 novembre 2013 :
Retour sur Bléquin afin de vérifier la zone du courtil à l’Épinette (toponyme souvent associé à un site antique). Olivier nous avait indiqué qu’il avait remarqué une concentration de céramique. Malheureusement le courtil à l’Épinette proprement dit n’était pratiquement pas prospectable (deux prairies et un champ d’orge de printemps déjà bien avancé). La concentration de céramique d’Olivier s’est révélée médiévale ou moderne. Elle se trouve à cheval sur la limite entre Bléquin et Ledinghen, lieu-dit le Courtil à Breucq et occupe une petite butte bien marquée, qui semble être artificielle. De très nombreux gros silex trahissent des fondations démantelées.
Pour terminer, nous avons été localiser précisément au GPS un site déjà répertorié dans la carte archéologique le long de la voie romaine Thérouanne-Desvres, sur le territoire de Ledinghen. On ne peut pas le rater, les morceaux de céramique sont très nombreux en surface. Ce qui est intéressant c’est que l’on collecte également des scories de réduction du minerai de fer… Encore des scories ! Décidément cette thématique nous poursuit.
Samedi 14 décembre 2013 :
Nous étions sur le territoire de Coupelle-Vieille et avons suivi le chemin des Munitions sur sa dernière section avant sa disparition, sans trouver autre chose qu’un nouveau spot de scories et quelques éclats de taille épars. Il s’agit semble-t-il des mêmes scories que celles collectées le 09 novembre dernier et qui me laissent perplexe. Je me demande s’il ne s’agit pas de scories résultant du travail du cuivre. Quoi qu’il en soit le bilan est maigre pour cette section méridionale du chemin des Munitions (de Rimeux à la forêt de Créquy) : aucun site archéologique en dehors des sites à scories qui sont pour l’heure à la fois énigmatiques et indatables… ! A comparer avec la section centrale (de Maisnil-Dohem à Rimeux) qui a livré 6 sites antiques, 1 site à scories et plusieurs gisements lithiques.
Pour clore notre exploration de ce chemin il nous faut maintenant travailler sur sa partie septentrionale, en partant du calvaire de l’Epine Pouilleuse. Il semble exister deux possibilités :
- soit ce chemin obliquait vers l’Est et longeait Maisnil et Dohem avant de rejoindre la voie romaine Thérouanne/Boulogne à hauteur de Cléty (lieu-dit Chapelle du Bon Secours),
- soit il conserve sa direction NE / SO, passe par le village d’Avroult et rejoint la voie romaine Thérouanne/Boulogne au niveau d’Ouve-Wirquin (ensuite on peut encore le suivre au moins jusqu’à Esquerdes).Pour l’instant, je privilégie la deuxième hypothèse.
Samedi 21 décembre 2013 :
Nous avons eu froid ce samedi 21 décembre 2013… Pluie et vent étaient au rendez-vous et, s’ils n’ont pas empêché la prospection, ils l’ont rendu bien désagréable !
D’autant que nous n’avons relevé aucun indice d’occupation antique, en partant des dernières maisons d’Avroult et en progressant plein nord jusque l’ancienne voie romaine (l’actuelle départementale 341). L’hypothèse de la prolongation de notre chemin des Munitions dans cette direction s’effrite…
Pour les périodes plus anciennes, en revanche, c’était plus riche. Sur plusieurs hectares, les silex brûlés étaient particulièrement nombreux, nous avons remarqué de nombreux éclats de débitage et Olivier a ramassé une extrêmité de hache polie avec son tranchant intact. Clairement, cette plaine semble avoir été mise valeur très précocement. Nous pourrons y revenir pour une prospection spécifiquement axée sur le lithique.
Dans l’immédiat, il nous reste à arpenter les abords de notre chemin entre le calvaire de l’Epine Pouilleuse et l’ancienne voie romaine mais cette fois en partant vers le nord-est, en gardant Maisnil et Dohem à main droite.
Samedi 11 janvier 2014 :
Pour cette sortie du 11 janvier dernier nous étions pas moins de 13 personnes… Un record !Il faut sans doute y voir les effets conjugués d’un temps magnifique et de l’attraction irrépressible de la tarte d’Edith et du cidre de Gilles et Alain… Merci à eux pour cette collation.
Côté trouvailles c’est encore une fois assez maigre : deux petites zones livrant un peu de silex taillés (grattoirs, percuteur, quelques fragments de lame, beaucoup de silex brûlés). Aucun indice franc d’une occupation antique, encore que quelques scories de réduction de fer ainsi qu’un fragment de meule gallo-romaine laissent craindre d’avoir raté quelque chose.
Je pense que nous pouvons désormais clore pour cette année notre chapitre consacré à l’exploration des abord du chemin des Munitions et ouvrir celui de la paléo-métallurgie.
Je vous propose de nous retrouver à Alquines (canton de Lumbres) pour achever de cerner le gros site à scories que nous avions arpenté une première fois lors de notre dernière séance de la saison précédente. Il s’agira essentiellement de collecter de la céramique pour dater l’activité métallurgique et d’élargir notre prospection aux champs entourant cette parcelle à scories.
Rendez-vous le samedi 25 janvier à 14 h 30, devant la chapelle d’Harlettes (commune de Coulomby).
Samedi 25 janvier 2014 :
C’est dans le brouillard et par un vent soutenu que nous avons retrouvé les hauteurs d’Alquines ce samedi 25 janvier.
Notre but était d’élargir la prospection autour des gisements de scories ferreuses repérés l’an passé.
Nous avons donc arpenté les parcelles du lieu-dit « Le Mont Breuchet ».
Aucun indice d’occupation antique ou médiévale à signaler. En revanche, cette plaine du Mont Breuchet a été occupée par les agriculteurs du Néolithique ou de l’Age du bronze. Nous avons remarqué de nombreux éclats de silex, des outils, des nucléus. Deux spots émergent nettement, qui nécessiteraient une prospection complémentaire car le matériel semble varié et de bonne qualité.
Côté paléo-métallurgie, pas de nouveau gisement de scories de réduction mais deux zones présentant de nombreux nodules sablo-ferreux ou ferreux et qui nous semblent pouvoir constituer les gîtes de limonite qu’ont utilisés nos paléo-métallurgistes.
Tout cela est bien sûr encore à vérifier, notamment en tentant de retrouver des gîtes semblables à proximité de nos autres sites à scories (Audincthun, Avroult, Seninghem, Ledinghem).
Le 08 février prochain nous reprendrons nos investigations le long du Chemin des Munitions, dans sa section centrale, car deux sites à scories viennent d’être repérés sur Avroult et Audincthun, à proximité immédiate de notre chemin. Nous nous occuperons de plusieurs « dents creuses » qui n’ont jamais été parcourues par les bénévoles du Comité d’Histoire.
RV à 14 h 30 au calvaire de l’Epine Pouilleuse (territoire de Maisnil-les-Dohem), au croisement des RD 133 et RD 190.
Samedi 08 février 2014 :
En dépit de prévisions météo pessimistes, c’est sans une goutte de pluie que nous avons arpenté une petite section du chemin des Munitions dans le secteur de l’Epine Delattre, à cheval sur les communes de Saint Martin d’Hardinghem et Audincthun.
A cet endroit, une occupation antique avait été repérée par un groupe de prospecteurs dans les années 1992-93 (voir Bulletin Historique de 2005).
Nous voulions la localiser précisément au GPS.
En fait l’occupation semble très importante en superficie, bien trop vaste pour une simple unité agricole. Les vestiges sont répartis de part et d’autre du chemin des Munitions, sur une distance de 300 mètres environ (avec des vestiges plus nombreux et plus denses du côté de Saint Martin d’Hardinghem). Beaucoup de fragments de tuiles, un site précoce au vu de la céramique recueillie, un petit spot de scories de réduction du minerai de fer.
Il se peut que nous soyons en présence d’un petit groupe d’habitations.
« Village » à vocation artisanale sans doute puisque quelques dizaines de mètres plus loin, aux « Terres à Charbon », commune de Dohem, nous tombons sur des milliers de scories de réduction du minerai de fer qui jonchent le sol.
A noter qu’un autre site antique avait été repéré par le même groupe de prospecteurs à quelques centaines de mètres de là (toujours sur Saint Martin d’Hardinghem, au lieu-dit « La Campagne ») mais nous n’avons rien trouvé, plusieurs champs n’étant pas prospectables.
Voilà où nous en sommes… Ce chemin nous mène décidément de surprise en surprise…
Samedi 22 février 2014 :
Voici les résultats de notre prospection du 22 février dernier sur le territoire de Créquy, en direction de Coupelle-Vieille. Il s’agissait de donner un coup de sonde au delà de l’endroit où ce chemin semble se perdre, à savoir sur le territoire de Créquy.
Ce fut une prospection délicate en terme d’orientation car la plupart des chemins de ce secteur ont été supprimés ou modifiés lors du remebrement tardif de cette commune. Ainsi, une section de chemin aboutissant à la ferme isolée du Moulin et semblant pouvoir constituer une suite de notre chemin des Munitions a totalement disparu…
Nous avons dû nous diriger un peu au jugé, en visant des rideaux d’arbres, ce qui laisse une certaine marge d’incertitude quant à la justesse de notre positionnement par rapport au chemin disparu.
Autour de la ferme du Moulin, pas grand chose à signaler en dehors d’un petit gisement lithique.
A noter tout de même un gros morceau de dolium (vase de stockage gallo-romain) juste en bordure d’une parcelle qui n’est pas prospectable cette année.
Au contact du terroir de Coupelle-Vieille (lieux-dits « le Beaussart », « la Trappe à Leux ») nous sommes tombés sur un beau gîte de limonite. Des morceaux de toutes tailles se remarquent au sol et il semble aussi que cette matière première ait fait l’objet d’une récupération un peu plus poussée avec un creusement qui affecte le flanc du coteau (bien visible encore sur la vue aérienne Géoportail sous la forme d’une tâche où les cultures croissent difficilement).
Un tesson de sigillée a été ramassé parmi les nodules de limonite.
En revanche, pas de traces d’activité métallurgique mais il y a fort à parier qu’elle doit être toute proche… Nous étions en fin de séance et il reste encore des parcelles à arpenter (dont une, très grosse, qu’on ne pourra faire que l’année prochaine).
En résumé, une prospection pas réellement fructueuse mais qui nous laisse des indices très prometteurs sur l’existence d’une continuité de notre chemin des Munitions et de ses activités métallurgiques qui semblent le jalonner.
Samedi 08 mars 2014 :
Nous nous trouvions en limite des territoires de Hucqueliers et Bourthes, pilotés par Jonathan qui avait repéré (avec Olivier) une concentration de scories indiquant une ancienne activité de réduction.
Parmi nos « sites à scories » celui-ci n’offre pas une densité de scories spectaculaire. De même, il s’agit de scories de taille petite et moyenne. Mais le surface d’épandage est assez importante.
Comme d’habitude, l’arpentage des parcelles voisines n’a pas permis de mettre en évidence un site d’habitat associé. Nous avons simplement noté une zone où se ramassent des scories d’un autre type, qui rappelle les scories trouvées sur Coupelle-Vieille. Nous devrions bientôt en avoir une expertise qui nous permettra de savoir si ces scories sont récentes ou non.
Puis, nous avons cherché à localiser un site d’habitat antique figurant sur la carte archéo. Il est censé se trouver à peu de distance de notre site à scories et il y est fait mention de traces de métallurgie. Nous voulions donc nous assurer qu’il s’agissait bien de scories de réduction et non pas de scories issues d’une activité de forge.
Malheureusement, nous avons fait chou blanc…
Pourtant, ce site a été trouvé en 1980, il est mentionné dans le bulletin n° 8 du Comité et il est à nouveau attesté en 1992 par Jean-Claude Routier, archéologue à l’Inrap. Les parcelles cadastrales concernées sont indiquées et, après vérification, nous sommes bien passés à l’emplacement présumé…
Bref, étonnement et perplexité car le site est décrit comme riche en vestiges. Nous pensions donc qu’il serait facile de le retrouver…
Samedi 22 mars 2014 :
Ce samedi 22 mars nous avons pu, une fois encore, prospecter sans encombre malgré des conditions climatiques assez médiocres jusque quelques minutes avant la séance (avec une impressionnante averse de grêle). Nous aurons décidement eu beaucoup de chance côté météo cette année…
Le secteur qui nous accueillait, la plaine du Moulin, entre Créquy et Sains-les-Fressin, ne comptait plus beaucoup de parcelles favorables à la prospection. La saison touche à sa fin…
Il restait néanmoins 3 champs qui recouvrent ce que nous espérons être le chemin des Munitions (il a disparu aujourd’hui, victime du remembrement, mais il existait encore il y a 30 ans). Et dans le premier de ces champs, juste au bord de l’ex-chemin des Munitions,, nous avons localisé une occupation antique bien nette avec lèvres de céramique commune, fragments de vase de stockage, un morceau de tuile, un petit morceau de sigillée, quelques scories de forge…
Cette découverte va nous encourager l’année prochaine à pousser plus loin nos prospections le long de ce chemin qui redevient visible après avoir passé le bois de Sains-les-Fressin. On peut le suivre jusque la vallée de la Canche.
Samedi 29 mars 2014 :
Pour cette dernière sortie de la saison 2013-2014, nous avions rendez-vous à Fressin (canton de Fruges) où nous attendaient quelques bénévoles de l’association des Amis du Patrimoine de Fressin.
Après une rapide présentation du type d’objets à rechercher, nous sommes allés arpenter une vaste parcelle au lieu dit « les Angovales », au bord du plateau qui domine le cours d’eau local, la Planquette.
La chance du débutant a fonctionné… Nous avons collecté de la céramique qui trahit une petite occupation antique. Le site a l’air assez modeste mais tout cela demandera un passage supplémentaire car une terre déjà assez sèche et un beau soleil un peu éblouissant ne facilitaient pas le repérage des tessons !
Nous avons également un important « bruit de fond » pour la période néolithique / âge du Bronze, avec notamment de nombreux silex brûlés, un percuteur et des éclats de débitage.
Les membres des Amis du Patrimoine de Fressin étaient contents de cette prise de contact avec la prospection pédestre. Ils ont désormais la possibilité de continuer à explorer ce pan un peu particulier de leur patrimoine…
Pour notre part, c’est maintenant l’heure du bilan…
Bilan synthétique de la saison 2013 – 2014 :
Des conditions météo très favorables nous auront permis d’effectuer 12 sorties cette année.
Les secteurs géographiques :
– 2 sorties sur le Haut-Bléquin (communes de Bléquin, Ledinghem et Vaudringhem – canton de Lumbres)
– 7 arpentages le long du chemin des Munitions (d’Avroult à Créquy – cantons de Fauquembergues et Fruges)
– 2 prospections spécifiquement sur le thème de la paléo-métallurgie (Alquines – canton de Lumbres et Hucqueliers – canton d’Hucqueliers)
– 1 prospection à Fressin (canton de Fruges), qui avait plus pour but de faire découvrir les bases de la prospection pédestre aux membres d’une association historique locale
Nou nous étions fixés comme axes de recherche de poursuivre le suivi du chemin des Munitions etde continuer d’engranger des informations sur la paléo-métallurgie. Heureux hasard, les deux ont souvent été réunis puisque plusieurs sites paléo-métallurgiques ont été identifiés le long du chemin des Munitions…
Au final, nous aurons repéré cette année :
12 sites antiques et 1 site gaulois qui s’échelonnent régulièrement le long du chemin des Munitions. La plupart le bordurent littéralement, les autres sont un peu en retrait (150 à 200 mètres maximum). L’un d’entre-eux, sur le territoire de Saint-Martin d’Hardinghem, est si vaste, qu’il s’agit sans doute d’un groupe d’habitations implanté de part et d’autre du chemin.
Dix spots où se ramassent des scories issues du travail du fer. Mais ces scories sont parfois assez différentes les unes des autres, tant dans leur aspect que dans leur densité.
A noter également des traces d’occupation Néo / Bronze à Bléquin, Vaudringhem, Avroult, Alquines, Renty, Créquy, Sains-les-Fressin et Fressin. Elles ont simplement été notées au passage et pointées au GPS mais nous ne nous sommes pas attardés à les caractériser plus soigneusement.
Enfin, une occupation d’époque médiévale sur le territoire d’Avroult.
Une année riche, donc, qui nous a permis d’élargir notablement nos connaissances…
Sur la plan de la paléo-métallurgie, nous savons désormais que cette activité est très certainement gallo-romaine, ou peut-être un peu plus ancienne (fin de l’époque gauloise). Géographiquement, elle ne semble pas concentrée en un secteur précis mais doit plus s’envisager à l’échelle du Haut-Pays. Par contre, nous n’avons toujours pas identifié avec certitude la matière première utilisé, ni localisé le moindre gisement.
Pour cette question de la recherche des traces de la fabrication du fer, une première rencontre a eu lieu avec Benjamin JAGOU, un spécialiste de la paléo-métallurgie à l’INRAP.
Tout d’abord il a éliminé nos deux gisements de limonite (Créquy et Alquines) : ce que nous pensions être de la limonite n’est qu’une sorte de grès ferrugineux qui est impropre à une activité de réduction.
Par contre nous avions ramassé une grosse limonite à Hucqueliers. Nous savons donc désormais ce que nous devons chercher.
Ensuite, il a également écarté les sites sur lesquels nous avions des scories d’un type très particulier. Pour lui, il s’agit bien de déchets métallurgiques, mais provenant de hauts-fourneaux et donc beaucoup plus récents… Comme il est fort peu probable que nous ayons eu sur le secteur une activité de réduction de minerai de fer au début de l’époque moderne (17ème ou 18ème siècle), il faut donc plutôt y voir des épandages venant des agriculteurs.
Pour les reste des sites une classification est à faire :
– nous avons des sites de réduction proprement dite, avec des bas-fourneaux alimentés en minerai concassé et en bois (Seninghem, Alquines, Dohem, Fauquembergues, Hucqueliers et Coulomby)
– et des sites où l’on a sans doute plus pratiqué une opération appelée « épuration », qui consiste à marteler délicatement la loupe de fer obtenue dans le bas-fourneau dans le but d’éliminer les impuretés et de densifier et feuilleter la masse de fer; cette dernière est alors façonnée en barres qui partent ensuite vers les forges
Concernant le chemin des Munitions, nous pouvons désormais sans grand risque affirmer qu’il existait bien à l’époque gallo-romaine et probablement même est-il plus ancien.
Pour l’instant nous parvenons à le suivre sur une distance de 30 kilomètres. Il ne rencontre aucune agglomération humaine, conserve une direction NE/SO très régulière en évitant les accidents topographiques majeurs.
Pour la saison 2014 – 2015 :
Nous n’avons toujours pas localisé et identifié avec certitude la matière première utilisée pour fabriquer le fer. Il s’agit très certainement de la limonite et elle doit se présenter affleurante dans les champs. Mais pour l’instant ce n’est pas prouvé….
Nous allons essayer de prolonger notre chemin des Munitions.
Au sud, au delà de Fressin, nous sortons de notre zone d’action théorique mais on peut suivre ce chemin sur la carte jusque la Canche (il aboutit entre Contes et Maresquel).
Au nord, au delà de la chaussée Brunehaut, il nous faudra explorer les territoires de Cléty, Pihem et Herbelles où pour l’instant il n’y a pas de prolongement visible.
Il nous faut aussi commencer à nous interroger sérieusement sur la fonction d’un tel chemin. On voit bien que son rôle était de permettre une circulation aisée et la plus rapide possible. Alors avait-il une fonction particulière ou mettait-il en relation des lieux particuliers ?
Quelques survols aériens vont être tentés. Peut-être nous amèneront-ils des éléments de compréhension nouveaux…
Nous devons aussi commencer à explorer les abords d’un autre ancien chemin qui part de Thérouanne et qui se dirige vers Blangy-sur-Ternoise. Dans un premier temps, nous serons autour de Bomy.